Sadame

Kini n’avait pas été dans cet état depuis longtemps. Il était agité. Très agité. En réalité, les choses ne s’était pas passées comme il l’avait prévu, comme il avait voulu qu’elles se passent. Il n’avait pas fini son combat avec le Vizard. Ce n’était pas grave, il ne voulait pas le tuer. Cela leur avait permis de se dégourdir les jambes, mais ils avaient ensuite été avertis par Dante que le Shinigami était mort. C’était une perte de temps et d’énergie monumentale. Mais pire encore, il était rentré dès qu’il avait perçu le signal d’Eshu, et l’avait rejoins, sentant qu’il ne devait pas en être ainsi.

En vérité il était embêté par le fait que sa prédiction de début de combat ne s’était pas révélé juste. Cela l’avait toujours empli de rage. Oh, il savait, il se souvenait des autres fois où il avait utilisé sa résurrection. Cela le mettait toujours dans un état d’agitation suprême. Il était agacé, perturbé. Les deux sentiments mêlés l’un à l’autre firent imploser en son centre blessé une tempête aux airs de fin du monde. Un sentiment d’apocalypse lui piétinait les entrailles. Il rentra, lançant un regard amer à Eshu. Eshu, qu’il aimait, oui il l’aimait, comme deux femmes qu’il avait aimées aussi…puis qu’il avait tuées. Eshu qui les dirigeait tous, lui compris. Une boule de haine bloquait sa gorge alors qu’il observait son amant. La haine, mais pourquoi ? Il n’en savait rien. Eshu avait remarqué son regard. Il devait sûrement se demander en ce moment même ce qui avait poussé son aimé à le détester autant. Mais le principal concerné n’en savait rien lui-même.

Il fit son chemin d’un pas rapide vers la chambre de Eshu qui était au fil des années devenue la sienne aussi et ferma la porte. Il se pencha et sortit d’un geste brusque ses instruments de divination. Il ne faisait d’habitude pas ce genre de choses lorsqu’il était en état de colère important, mais il sentait cette fois ci que c’était la meilleure chose à faire…Il ne saurait que bien plus tard que c’était ce qui causerait le plus gros drame de son existence.

Il lança les dés. Cinq.
Il tira les cartes. La Mort et l’Amour.
Il lança ses runes. La Fin.

Nul ne saurait jamais si le destin avait réellement prédit cela, ou si le Voyant aux yeux de nuit lunaire avait tiré ces items simplement parce qu’il souhaitait fortement que ce soit eux qui soient tirés. Lui même se convainquait de toute la puissance de son esprit supérieur que c’était le fortune qui avait décidé cela. Il devait exécuter les ordres du sort.

L’image de son amie d’enfance apparut dans son esprit. Il l’avait tuée en la brûlant, alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Il revit ensuite les yeux de la première femme qu’il avait aimée, d’un vert pomme adorable et son sourire coquin. Elle avait été détruite définitivement par Dante aujourd’hui. Il visionna à nouveau la scène de la boucherie qu’il avait faite en meurtrissant un homme qu’il avait dépucelé après avoir assassiné sa femme, adorable, un peu immature, superbement beau… Il l’avait tué sans regret. Il se remémora enfin une autre femme, aux yeux bleus et à la chevelure brune, fine et resplendissante. C’était une Shinigami. Il l’avait lui-même détruite après avoir passé une nuit merveilleuse à ses côtés.

Pourquoi ? Pourquoi assassinait-il toujours les personnes qu’il lui était le plus chères ?
C’était certainement parce qu’il ne se sentait pas le droit d’être aimé. Cela avait commencé avec son amie d’enfance. Peut-être que depuis il ne parvenait pas à s’autoriser d’être chéri par quelqu’un. Il se répugnait lui-même lorsqu’il y pensait trop, et s’était donc construit une carapace d’ironie et de sarcasme pour s’empêcher de plonger dans l’antre infini et infranchissable de la Culpabilité. Et aujourd’hui il voulait moins que jamais rentrer dans cette grotte pleine de stalactites aiguisées pour le blesser et l’empêcher d’exécuter ce que la lecture de ses symboles lui avait ordonné de faire.

Ce serait dur il le savait pertinemment. Mais il devait le faire. C’était comme ça. Un volcan bouillonnait au creux de son buste puissant et frêle tout à la fois. Y arriverait-il ? Ce qui lui restait de cœur semblait pulser à toute vitesse. Arriverait-il à obéir aux instructions de livre des existences ? Il essaierait, c’était le minimum. Il attendrait son amant dans la chambre. Ses croyances en le destin étaient plus puissantes que jamais, emplissant chaque parcelle de son esprit perturbé tandis qu’un orage de colère y grondait de tout son soul cachant presque entièrement les gouttes de tristesse qui tentaient de prendre de plus en plus de place.

Une larme traça une ligne grisâtre sur le visage livide et pourtant déterminé de l’Espada numéro deux qui souhaitait plus que tout prouver que ses croyances avaient toujours été justifiées. Il rangea ses osselets, seuls parts de son ancien corps qui subsistaient dans sa poche. et le reste dans sa sacoche de divination. Il voulait les avoir avec lui, au cas où...

Il attendrait celui qui depuis plus d’un siècle lui donnait des ordres sans relâche, celui qui l’aimait mais qui lui était supérieur de trop pour que l’Orgueil de Kini en soit satisfait. Celui que le Secundo Espada aimait plus que tout mais se devait d’éliminer car le destin en avait décidé ainsi aujourd’hui.

Spoiler:

Une impression de déjà-vu … Les longs couloirs de l’immense château résonnent encore des échos interminables de mes pas réguliers. Ma destination ? Ma chambre. Où je sais que je trouverai mon amant. Ma pupille. Celui qui mérite que je le libère enfin …

Citation :

La vie humaine est un chemin escarpé, parsemé de milles imperfections. Personne n'est jamais assuré d'arriver entier, et n'est jamais certain de savoir sur quoi on pourrait tomber. La vie humaine est imprévisible et indomptable. Parfois, quelqu’un essaie de choisir son chemin, et on se dit qu’il a bien raison. Le hasard existe-t-il ? Peut-importe, du moment que l'on fait ce que l'on veut. C'est ce qu'on appelle prendre son Destin en main. Peut-être que le hasard n'existe pas. Peut-être qu'une quelconque entité dirige nos mouvements. Et alors ? L'humain, et ce qui peut s’y affilier, est imprévisible. Il peut être cruel ou doux, calme ou énervé. Surtout dans les situations les plus improbables. Nous ne nous ressemblons pas ; il n'y a alors aucune raison pour qu'une entité puisse nous diriger comme des pièces d'échecs toutes semblables et dociles. Parce que nous ne nous laisserons jamais faire.
J'ai toujours pensé comme ça. Et c'est sans doute grâce à cela que j'ai pu me faire une place en ce monde. Et c’est peut-être même ça qui m’a permis de dompter des vies humaines comme dans un jeu d’échec. De les guider et de rendre cette part de hasard, de Destin, bien calculée, bien droite comme une ligne tracée à la règle.(lylypotter)

Je me sens obligé ! Non pas que je cherche une excuse au travers de longs et beaux discours, oh que non ! Mais j’ai l’impression d’être en face d’un immense gouffre. Mon seul moyen de le franchir est d’en finir avec tout ceci. Enfin c’est la seule raison qui peux apparaître clairement dans mon esprit. Je nage dans un brouillard d’amertume et de regrets. Mais je ne peux faire face aux éléments ballotant de nos vies tumultueuses. Comment l’aurai-je su de toute façon ? Tout ceci va contre mon entendement, mes sentiments ! Mais mon intuition me guide … Je sais qu’en pénétrant cette chambre, tout prendra fin …

Citation :

Bien sûr, j'étais quelqu'un de talentueux, mais n'empêche que je me suis toujours battu. C'était aussi comme cela que j'avais rencontré la seule personne qui m'avait fait douter sur ma façon de penser. Une personne. Une unique personne que j’ai rencontrée par pur hasard … Paradoxale ? Peut-être était-ce le fameux Destin de ma vie que de rencontrer cette personne. Étais-je guidé moi-aussi depuis tout ce temps, pour en arriver là ? Devais-je devoir la rencontre la plus importante de ma vie à cette incroyable fortune. Je préfère laisser sous-entendre une part d’indécis, l’aléatoire combiné de chacune des vies, de chacun des gestes, de chaque parole, plutôt qu’à une part de décision Déifiée. Je préfère penser que mon monde se plie à mes injonctions, à une certaine échelle …

Je suis en face de ma porte. Le numéro « 1 » argenté semble refléter le visage d’un monstre. Je détourne le regard, tout en empoignant le manche de mon katana solidement harnaché au bas de mon dos. J’essaie de tirer la lame sans bruit, enfin, le simple fait d’y penser, je pense faire le contraire … Pour éviter d’avoir à faire ce que je redoute le plus au monde … Finalement la pointe de ma lame sort du fourreau en un tintement léger, très clair, comme la vérité qui m’échappe depuis mon retour du monde des humains … Je ne peux m’empêcher de me réfugier dans mes pensées, avant de rentrer dans la pièce renfermant la fin de toutes choses …

Citation :

Il est un autre pan de ma pensée touché par cette rencontre, outre le degré de manipulation des éléments qui nous incombent. C’est celui du temps. Avec le temps, tu m’avais dit que tout s'en irait, que les plaies cicatriseraient, que les larmes sècheraient puis disparaitraient. Avec le temps, tu m’avais dit que l'eau coulerait, que le sable cacherait les traces, que les regrets partiraient. Mais tu ne m’avais jamais dit, qu’avec le temps, toi aussi, tu t'en irais, que les larmes creuseraient la chair des cœurs ; afin d'arriver à en faire de la pierre ou une blessure qui ne se refermera pas. Mais tu m’avais caché que, sous le sable, des traces de pas resteraient, que des larmes creuseraient les rides, que les rancœurs nous tueraient. Avec le temps, tu m’avais dit que tout serait pardonné. Mais qui me dit que je te pardonnerais, de tout ce mal que tu m’as fait ? Qui me dit que, malgré mes erreurs, tu vivras en paix ?

Je fais un pas, puis deux. Mes yeux s’acclimatent à l’obscurité très rapidement, par habitude. Devant moi, l’être qui me semble le plus cher apparaît avec un sourire chaleureux. Mon cœur se pince et je refoule mes larmes tout en avançant vers lui. Il ne semble pas remarquer le sabre que je tiens dans ma main gauche, presque à l’horizontal. J’avance, malgré moi. Je sens l’urgence et mon geste se presse … Toujours malgré moi …

Citation :

Personne. Parce que le temps n'est pas là pour ça. Il est là pour tout faire disparaître, les rancœurs ne restent qu'à l'intérieur de nous-mêmes. Ceux qui disparaîtront, c'est nous et ceci, personne ne le dit. Peut-être parce que tout le monde a peur. Peut être parce que personne ne veut y croire … Avec le temps, j'oublierai peut-être le jour où je t'ai rencontré …

Je lui suis tellement proche que je sens l’envie dans ma main de lâcher mon arme et dans mes bras, de le serrer fort contre moi. Je ne peux plus retenir mes larmes, elles commencent à parsemer mon visage, coulant le long de mes joues pour finir leurs courses au départ de mon cou. Ma main tremble, mes jambes, je le sens, vont lâcher d’un moment à l’autre. Je n’ai jamais été aussi peu assuré de mon existence. A part peut-être le jour où j’avais rencontré ce bel ange. Ce jour-là, j’étais dans le même état, un sabre à la main aussi, mais couvert de sang cette fois-ci. Nous étions face à face, nous avions échangé quelques mots, puis petit à petit nous partagions beaucoup plus de temps ensemble. Puis nous avions fini par partager le même lit … Très régulièrement … Nous étions devenus amants, nous nous aimions !

Citation :

Avec le temps, j'oublierai peut-être le jour où je t'ai vu disparaître. Mais je n'oublierai pas cette chose : pourquoi, comment, ce que j'ai ressenti ces jours là. La tristesse, la joie, l'enfer, les éraflures qu'ont laissées tes mots sur mon cœur, le vide que ça a fait, quand c'est toi qui a disparu après que je t’ai tué …

Avec le Temps ?
Rien.
Avec le Temps,
tu pars.
Avec le Temps,
Ce sera ma Fin.

Mon bras s’élance dans sa direction. Il ne semble rencontrer aucun obstacle et pourtant du sang jonche les murs, de sa teinte purpurine. J’ai vu quelques éclats blanchâtres, puis tout était devenu rouge. Je restai là, au-dessus de son corps. Encore un tombé sous mes coups … Combien en avais-je tué au final ? 20 ? 30 ? 50 ? Peut-être même beaucoup plus … Je suis l’un de ceux qui tuent sans réfléchir, sur instinct. Je suis un chasseur, un tueur … Plus jamais, après ce jour, je ne pourrais me regarder dans un miroir sans dégurgiter mes entrailles et mon cœur gelé … Je fixe ce corps d’albâtre avec qui je n’avais fait qu’un. Je fais voler une seconde fois ma lame, pour l’en débarrasser du sang. Puis, très lentement, je le remets au fourreau. Dans mon crâne, ma voix retenti comme si le monde entier s’était déchaîné contre moi-même. Je me sens trembler comme jamais, mes jambes cèdent. En tombant à genoux, je sors mon poignard que je dirige immédiatement vers moi. Je cris. J’hurle. Je pleurs. Je gémis. Je veux mourir … J’entrouvre mes yeux embués et j’aperçois un objet brillant en-dessous du cadavre de mon amant. Un poignard effilé. Celui avec lequel il s’amusait d’habitude. Il le serrait ardemment … En un éclair, je compris tout. J'avais tué avant d'être tué ... Mais comment l’accepter … Comment accepter d’avoir tué l’être cher par la manipulation d’un Destin hasardeux, plutôt que d’être mort de sa main, comme ça aurait dû l’être si la nature ne m’avait pas doté d’un sixième sens inné pour déceler les tentatives de tueries ? Je serre le corps inanimé de mon tendre amour contre moi, m’empoissant de sang, comme si j'essayais de lui passer un peu de ma vie, pour le faire revenir ... Je sanglote éperdument tout en le couvrant de baisers, en le caressant une dernière fois. Le corps commence à se désagréger, pour s’envoler en une myriade de particules bleutées … Pourquoi ?! J'aurai voulut comprendre cette partie plus tôt ... Mais le Destin ne semble pas vouloir révéler ses tourments à quiconque le demande. Il préfère me laisser dans l'ignorance, même s'il semblait un bon serviteur de mon amoureux ...

Je m’endors … C’est beaucoup trop pour que j’en supporte davantage … Mais je sais, qu’avec le temps … Tout disparaîtra un jour … Comme il me le répétait si souvent, en passant une main dans mes cheveux …

Citation :

Life is not a game anymore ...

~¤~
Le monde de la mort

C’est un chemin que tout le monde suivra,
Une voie que l’humanité ne pourra éviter,
Un transfert vers l’au-delà
Que nul ne fera changer.

Seules les entités peuvent s’y promener
Les autres passent sans s’arrêter,
Parfois il arrive qu’un s’y perde,
Au quel cas, il erre a jamais, seul et frêle.

Le monde de la vie

Apprendre, toujours et encore.
Comprendre, le monde qui nous entoure.
Fuir, les devoirs de la mort.
Enseigner, les secrets gardés dans la tour ...

[Poème de Paedora (www.paedora.deviantart.com)]

"A nouveau les portes se sont ouvertes
Celles d'un à l'autre
Encore cette nuit, bien que floues, certes
Me sont parvenues les images d'un monde plus jeune.

Dans la jungle parée de couleurs automnales
Un garçon perdu se liait d'amitié
A la beauté, à son image vierge de tout mal
A l'instant reconnus, nous nous sommes enlacés.

A mes côtés il vécut d'aventures de passions et de peurs
Étranger à l'inconnu, de reptiles à insectes tueurs
Le voyageur ne tarda pas à oublier son passé
Peu importe d'où je viens si je suis ici aimé.

Je ne veux plus voyager et pour ne jamais repartir
J'étreins d'une main ce monde adoré
Et de l'autre, celle du garçon qui m'a trouvé."
~¤~

[Poème de Lukaself (www.lukaself.deviantart.com)]

Citation :

... So stop playing with me !